Radio Al Manar

Belgique : Di Rupo a-t-il le profil d'un Premier ministre? La Belgique connaîtra-t-elle pour la première fois depuis 30 ans un Premier ministre francophone? En Flandre, Elio Di Rupo éveille encore quelques réticences. Mais ferait-il un bon Premier ? Paul Koeck analyse le président du PS.

“Je suis moins la politique wallonne, mais ce que je lis sur lui dans la presse me donne une image claire: Elio Di Rupo est un survivant”, dit Paul Koeck, directeur de Coachteam® International et coach de managers dans différentes grandes entreprises. Di Rupo: leader flexible “C’est un leader très flexible, qui tient au pouvoir qu’il a. On le remarque à la façon dont il a survécu aux scandales de corruption et autres crises dans son parti il y a quelques années. En tant que leader, il ne se tient pas à une grande vision, comme le font d’autres. Il dirige en cherchant des manières flexibles de survivre. On pourrait appeler cela de l’opportunisme, mais sans forcément de consonance négative. Par le passé, il a bel et bien négocié quelques virages, mais si l’on regarde la situation actuelle en Belgique, une situation qui s’est soldée par une impasse, ce n’est peut-être pas une mauvaise tactique de laisser les rênes à quelqu’un qui a fait preuve d’un certain opportunisme.

Dans ce contexte, ce ne doit pas être une caractéristique négative. Certainement pas quand l’on sait que Bart De Wever adoptera une position plutôt rigide dans les négociations.” Quant à ce que le leadership d’Elio Di Rupo donnerait sur le long terme, il faut attendre pour le savoir, pense Paul Koeck. “Je pressens que ce style de leadership créerait des tensions sur le long terme. Il est pourtant quelqu’un d’intelligent, qui a muri avec les années. Et sur le long terme? La question est surtout de savoir s’il serait la personne adaptée, une fois que la question communautaire sera réglée et que des mesures devront être prises pour sécuriser sur le long terme le bien-être en Belgique. Le risque est présent qu’il ne fasse aucun sacrifice sur le court terme pour atteindre des résultats sur le long terme.”

Paul Koeck voit pourtant un point positif: Elio Di Rupo a une grande faculté d’apprentissage. “Enfant, il manquait de confiance en lui et était même victime de moqueries. Un professeur de chimie croyait en lui et c’est ce qui a provoqué le déclic: je vaux quand même quelque chose. Il a fait ses preuves, mais d’une façon souple, non crispée. Il travaille dur et apprend facilement, ce qui est très important dans le contexte politique actuel. Il ne va pas non plus directement à la confrontation. Lorsqu’un scandale a éclaté autour du PS à Charleroi, il n’a pas réagi immédiatement. Il a fait profil bas et a continué son travail. En d’autres mots, il a l’expérience des crises et je vois un grand potentiel en lui. De plus, il ne voit pas le poste de Premier ministre comme une mission à court terme: il va essayer de conserver cette position le plus longtemps possible. Il a su se faire apprécier des Flamands Il ne parle pas très bien le néerlandais, mais je pense qu’il pourra adroitement se débrouiller quand même. Au cours de ces derniers mois, il a fait plusieurs tentatives pour se faire apprécier des Flamands. Il écoute aussi leurs plaintes et est, selon moi, pret à en tenir compte.”

Dominique Soenens